C

ela faisait déjà plusieurs jours que les choses avaient dérapées, pourtant les souvenirs s’entrechoquaient comme si cela s’était seulement déroulé la veille, pourtant Drago Malefoy ne faisait qu’y penser, jour et nuit. En une fraction de secondes, tout s’était écroulé. Il les avait tous trahi. Comment l’oublier ? Et surtout, comment l’effacer ? Une solution se présentait pourtant à lui, une seule : il pourrait très bien, grâce à un sortilège bien spécifique, effacer de la mémoire d’Alexis, de sa mémoire, ce que personne ne devait savoir et ce que personne n’aurait dans ces cas-là jamais su. Mais le sortilège d’Amnésie était bien trop incertain et il ne pouvait, malgré tout, se résoudre à s’en servir. Pourquoi ? Il aurait aimé le savoir. Avait-il aimé ces mains, ces lèvres, ces corps, entrelacés ? Lorsque ce « oui » résonnait dans son esprit, il pouvait sentir toujours le même goût acide lui monter à la gorge. Oui, il avait aimé, mais n’en avait pas le droit. Pansy. La principale personne à être touchée, sans pour autant le savoir. Pour l’instant. L’apprendrait-elle un jour ? Pas par Drago, dans tous les cas. Pansy, celle vers qui ses pensées étaient le plus souvent tournées. Pansy, celle dont ne pouvaient se détacher ses yeux ces derniers jours, en cet instant même encore. Comme si son regard désolé parviendrait à faire disparaitre les erreurs qu’il avait commises ou à en tout cas estomper les représailles qui flottaient au-dessus de ses cheveux blonds.

Perdu dans ses pensées et dans sa contemplation, le jeune Malefoy n’avait pas remarqué la fin du cours, les élèves de septième année commençant à partir les uns après les autres et Pansy, qui avait capté son regard, le couvant à présent des yeux en retour. Il brisa cet échange et, paupières closes, secoua légèrement la tête pour chasser ces pensées de son esprit. Mais cela était impossible. Même l’espace de quelques minutes. Il rangea ses affaires dans son sac en bandoulière et quitta la serre de botanique à l’entrée de laquelle il attendit Pansy, mains enfouies dans les poches. Son regard s’était déjà accroché à elle bien avant qu’elle fût sortie à son tour et lorsqu’elle apparut devant lui, ses yeux clairs ne lui laissèrent pas le choix. Drago attendit qu’elle l’atteigne.

« On va faire un tour ? » proposa-t-il simplement.

Il tourna les talons et ouvrit la marche en direction du château, espérant que Pansy le suive. Il s’agissait de leur dernier cours de la journée, il en profitait alors pour mettre en œuvre ce qu’il avait en tête. Le jeune sorcier n’était pas toujours très loquace et il y avait assez peu de communication dans leur couple depuis qu’ils étaient promis l’un à l’autre, depuis le repas de famille. Ainsi, ils marchèrent l’un à côté de l’autre durant quelques minutes sans mot dire. Mais Pansy pouvait très bien briser le silence si elle le souhaitait. Bien que l’immense porte en chêne du château se dessinait maintenant devant eux, Drago ne s’y dirigea pas, ne ralentit pas, et, contournant l’école, il continua sa marche, un peu plus loin encore. Il remarqua avec contentement que plus ils marchaient plus les élèves se faisaient rares. La couleur sombre du Lac noir faisant contraste avec les couleurs vives du printemps apparaissait peu à peu. Ses rives étaient vides. Se séparant de Pansy, il la dépassa de quelques pas et ôta sa cape qu’il plia soigneusement et posa à l’abri d’un arbre pour se retrouver en chemise blanche et cravate aux couleurs de leur maison. Il fit finalement face à sa petite-amie. C’est la première fois depuis qu’ils avaient quitté les serres de botanique qu’il osa un regard en sa direction, qu’il osa lui adresser quelques mots. Il s’approcha d’elle et ses lèvres laissèrent un baiser léger, furtif, sur les siennes, chose qu’il se forçait à faire en public dans le but de sauver les apparences mais qu’il ne faisait pas en privé. Il se recula de quelques centimètres.

« Cette professeur Walker m’a achevé avec ces plantes à Pipaillon de malheur. J’avais envie de prendre l’air, avant le dîner. »

A ces mots, Drago força un sourire ironique et moqueur.