▬ Obligations. Je n'aimais pas ce terme. Je n'aimais pas être obliger de faire quoi que ce soit, encore moins lorsque cela m'ennuyait à mourir. Mais je le devais. Nous le devions. C'était ce que nous avions dit, pour essayer de nous convaincre Emrys et moi. Et maintenant, voilà que nous étions ici, et que nous n'avions plus le choix, comme il venait si bien de le faire remarquer. J'hochais la tête d'un air solennel, comme si j'étais prêt à partir en guerre, et j'entrais dans la pièce sur les pas de mon collège. Lisandre était déjà là, assis près d'une très jolie jeune femme.  

— Je comprend mieux pourquoi il est venu sans nous.

Petit sourire à peine sarcastique du coin des lèvres. J'étais certain qu'elle était celle qui l'avait abordé, et non le contraire. Jamais Lisandre n'aurait osé, étant donné sa timidité maladive. J'avais presque envie de l'observer de loin, pour voir ses réactions fasse à la jeune femme. Mais non. Nous avancions vers lui, malgré la réaction d'Emrys. Alors discrètement, alors que nous étions toujours à quelques mètres d'eux, je lui posais cette question qui me démangeais.

— Tu la connais?

Evidemment qu'il la connaissait, c'était évident. Mais ma question signifiait plutôt "Comment est-ce que tu la connais?" qu'autre chose. Après tout, il n'avait pas l'air  très heureux de la voir, et cela piquait ma curiosité à vif. Elle avait l'air gentille. L'air. Je le savais bien, il ne fallait jamais se fier aux apparences.

▬ Déception. Evidemment qu'il ne m'avait pas reconnu, je ne sais pas ce à quoi je m'attendais. Il avait dû me croiser une seule et unique fois dans les couloirs de Poudlard, il y a de cela des années, et pour sûr : il n'avait prêter aucune attention particulière à une petite première année. Pourtant, j'avais cette infime petite part d’espoir qui subsistait, mais non.

— Lisandre Tremblay. Professeur de Sortilèges.
— Je sais qui vous êtes. Moi c'est Kathleen, Kathleen Bowers. Je suppose que vous n'avez aucun souvenir de moi, si ce n'est ma photo dans la Gazette.

Je lui avais serré la main tout en me présentant à mon tour, sourire aux lèvres. Ma réponse allait probablement le perturber, mais c'était là l'effet escompter. "Je sais qui vous êtes", haha. Ou comment se faire passer pour une journaliste vraiment très douée. En réalité, je n'étais rien d'autre qu'une stalkeuse un peu flippante qui avait retenue son nom après toutes ses années. Doublée d'une journaliste vraiment très douée, il fallait bien l'avouer.

Bam. Interruption brutale de la part de... Je ne sais qui. A vrai dire, je n'avais aucune idée de qui était le jeune homme qui venait de se pointer en détruisant au passage toutes mes chances d'avoir une conversation avec Lisandre, mais j'en avais vite déduit qu'il était lui aussi professeur. Et donc, collègue de mon interlocuteur. Il n'avait pas l'air bien intéressant, mais semblait plutôt loquace. Ce genre de personnes étaient souvent les plus utiles dans la chasse aux informations, alors je faisais en sorte de me souvenir de son visage. Au cas où, pour plus tard. Pour l'instant, j'allais simplement m'éclipser discrètement en laissant les membres du corps enseignant de Poudlard ensemble. J'avais déjà repéré Emrys Dobrievsky à quelques pas de nous, et rien ne pouvais me mettre de meilleure humeur que sa présence ! Ainsi, je me levais après avoir adressé un dernier regard à l'ancien Poufsouffle, pour rejoindre Andrew à l'autre bout de la pièce.

— Ravis de vous revoir, Mr Dobrievsky.

Bien sûr, j'avais saisi cette occasion pour passer près du professeur d'Histoire de la magie afin de le saluer. Je n'avais aucunement l'intention de l'importuner pour l'instant, alors je n'avais fait que lui adresser un simple sourire radieux avant de m'éloigner. Il ne me supportait pas, c'était évident.

— Bah alors Kath, on fait pas de câlin à son frère adoré ?

▬ Ethan. Voilà qu'il avait débarqué à la réception malgré le fait que je ne l'y avais pas convié. Cela m'importait peu. Malgré les risques que mon petit frère me fasse honte avec son comportement enfantin, j'avais l'habitude de le traîner aux événements auxquels je participais. Je l'avais simplement omis pour cette fois, et cela ne lui avais pas échappé. Il s'était certainement débrouiller pour échanger une invitation à une personne bien placée contre quelques muffins maison. Pas de quoi s'étonner. Je l’accueillais alors tout sourire, gobant à moitié le petit four qu'il me forçait presque à avaler. Oui, c'était bel et bien de ce genre de comportement enfantin dont je parlais. Et la présence d'Andrew n'allait certainement pas arranger les choses puisque je ne saurais dire lequel des deux était pire. Alors que les deux anciens poufsouffles s'échangeaient quelques mots, j'observais l'agitation vers l'estrade. Monsieur le ministre venait d'arriver, et je donnais alors un léger coup de coude à Andrew pour lui signaler de prendre une photo. Fort heureusement, nous ne pouvions pas entendre ce genre discours barbant sur une image. "Ne vous inquiétez pas, le mal règne toujours mais nous avons la situation en main." C'était plus ou moins ce à quoi ressemblait l'hypocrite discours de Gregory Powell. Peut-être le pensait-il vraiment, ou peut-être voulait-il simplement rassurer le peuple, mais les preuves que j'avais pu réunir ne trompaient pas : quelque chose se tramait chez les serviteurs du seigneur des tenêbres.

— Je vous demande donc de ne pas vous inquiéter, ni paniquer à propos de ces personnes. Bientôt, nous n'aurons plus la moindre trace de leur existence et...

Ne pas paniquer. Facile à dire, et plus difficile à faire lorsque les lumières de la salle nous plongent dans le noir alors qu'une voix de sombre augure retentis. C'était lui. A moins que tout ceci soit une blague orchestrée par un petit malin, c'était bel et bien la voix de celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Oh bordel, c'est mega long à écrire. Et cette voix nous ordonnais de rejoindre ses forces. Un frisson me parcouru l'échine. Je n'osais pas même cligner des yeux, et je tendais l'oreille de peur que quelque chose survienne soudainement. Et bam. La lumière qui se rallume en laissant apparaître d'effrayantes silhouettes, semblant se rapprocher chaque fois que la lumière s'éteint et se rallume. J'étais paralyser de peur, et j'avais l'impression que la foule autour de moi avait disparu pour me laisser seule face à l'ennemis. Pourtant, lorsque les lumières réapparurent pour de bon, tout le monde était là, eux aussi pétrifiés de terreur. Mon premier réflexe fut de vérifier que Ethan et Andrew étaient toujours à mes côtés et que personne ne les avait enlevé. Je laissais échapper un soupir de soulagement en les voyant, puis je regardais autour. Pas de blessés, simplement des invités secoués et un ministre de la magie incrédule.

— Andrew. On va encore faire la Une.